ENTRE-DEUX MERS, NORD ET BALTIQUE

 

Comme annoncé, je vous écris du Danemark pour vous causer de la Germanie. De nos cousins germains, donc. Mais avant cela, une devinette simplette.

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Je suis une mer d’un beau bleu profond, quasi fermée à l’exception d’un détroit d’une trentaine de milles nautiques. Mes marées n’excédent que très rarement vingt centimètres mais mes  courants levés par les vents violents qui y soufflent parfois peuvent être significatifs. Je suis bordée par de nombreux pays aux frontières variables et aux relations millénaires. Ils m’ont de tout temps parcourue pour  commercer ou  faire la guerre … une sorte de grand lac qu’ils auraient pu appeler « leur mer » … je suis, je suis …

Non, je ne suis pas la Méditerranée. Oui, je suis la Baltique ! Comment ne pas voir quelques similitudes entre ces deux « Mare Nostrum » ? Nous reviendrons sur le sujet quand nous évoquerons les pays que nous allons traverser. Pour le moment, retour à notre route qui nous emmène  de la mer du Nord à la Baltique via le canal de Kiel.

T’AS VOULU VOIR HAMBOURG ET ON A VU … CUXHAVEN !  Eh bien oui, n’en déplaise au grand Jacques, on n’a pas vu Hambourg, distante d’une  centaine de kilomètres de Cuxhaven, notre havre d’arrivée dans l’embouchure de l’Elbe. Embouchure parfois mal embouchée, quand le vent, la brume et de forts courants se mettent de la partie. Nous n’avons pas eu de problèmes majeurs, venant de l’île de Norderney, située 67 milles nautiques plus à l’ouest. Seul, un courant résolument contraire de un à deux nœuds nous a fait trouver le temps long avant de pouvoir amarrer Pixel dans la confortable et pratique marina de Cuxhaven. Nous voulions profiter de cette halte pour visiter Hambourg mais il a fallu rester sur place et attendre la livraison d’une petite saloperie.
Une petite saloperie de quelques grammes qui nous a bloqué là une presque semaine. Une saloperie qui coûte par ailleurs une fortune, comparée à sa taille et à son probable coût de production. Un de ces « machins » non standardisés donc impossibles à trouver dans le premier magasin d’accastillage venu. Vous n’en saurez pas plus mais ces péripéties nous éclairent – si besoin était- sur l’arnaque généralisée du marché de la plaisance : matériels peu ou pas fiables à l’obsolescence supersonique, prix exorbitant (ici un interrupteur deux voies de chasse d’eau qui coûte 20 % du prix des toilettes !!) et, puisqu’il s’agit d’une entreprise française, arrogance, je-m’en-foutisme et service après vente nul. C’est dit, passons à autre chose. IMG_9807BLOG

En pêche au large des îles frisonnes. L’araignée et sa toile…

L’Allemagne donc. Notre première expérience de voile dans ce pays a commencé par une île qui n’en serait pas vraiment une. Avec ses compagnes Langeoog, Wangeroog, et quatre autres dont je vous épargne les noms, Norderney campe devant le littoral allemand, à quelques milles de celui-ci. Entre les deux, une zone très peu profonde qui interdit la navigation pour les bateaux pourvus de quilles comme le nôtre. De rares chenaux rentrent un peu plus profondément en direction de quelques abris mais aucune voie n’a été dégagée pour permettre de longer la côte. Ne le regrettons pas : la vie sauvage y a ici encore toute sa place. Des phoques (décidément, 2019 … année des phoques), des oiseaux et tout un petit monde à peine dérangé par les énormes cargos qui passent plus au large.

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Cuxhaven : collection d’amphores grecques et romaines trouvées dans l’Elbe (je rigole …).

Des deux ports dans lesquels nous avons assez longuement séjourné, que retenir ? Les plages sont immenses, gazonnées et assez sauvages. De curieuses banquettes en bois et plastique imitant l’osier parsèment le rivage en rangs assez serrés. Flanquée de numéros sur leurs flancs, elle sont louées aux estivants qui s’assoient à l’abri de la capote. Ils peuvent tourner le « meuble » contre le vent ou face au soleil pour se protéger de l’air souvent frais qui souffle sur ce littoral plat. Surprenant mais pas plus moche que les parasols qui « décorent » notre littoral du sud et de l’ouest. On les trouve en territoire allemand devant toutes les plages de la mer du nord, îles et continent compris.

P1060389BLOG Plage à Cuxhaven : des vélos, des cahutes,du gazon … et l’inévitable église de brique.

La ville de Cuxhaven est plutôt agréable : les bateaux de pêche et de commerce, les voiliers en transit, des plaisanciers locaux et beaucoup de touristes venus en Camping Car animent cette entrée de l’Elbe. La ville est protégée par des digues herbeuses de quatre à cinq mètres. Elle bordent les plages et quadrillent la zone portuaire . De très lourdes portes sont placées dans des endroits stratégiques pour bloquer l’arrivée de l’eau dans le centre ville, mignon tout plein. L’Elbe en crue est certainement redoutable.

Nous fûmes cependant heureux de la quitter, nos toilettes enfin en ordre de marche. Quelques milles plus tard, nous étions devant l’entrée du fameux canal de Kiel, passage obligé pour franchir la centaine de kilomètres qui nous séparent encore de la Baltique. Disciplinés, nous positionnons nos pare-battages très bas comme préconisé dans le guide. Nous commençons à tourner près des feux d’entrée des écluses, dans l’attente de l’autorisation de sortie. Ce qui aurait pu être longuet si nous ne nous étions pas trouvés une occupation ! Une pare-batt’ à l’eau, mal attaché ! Heu … un deuxième pare-batt’ à l’eau : même cause, même punition. Du clapot, du vent et dix minutes plus tard après une furieuse bataille contre ces trucs glissants et sans aucune prise pour les récupérer, nous les ramenons enfin à bord. Un œil sur les feux de l’écluse : blancs ! Ok, on y va !
Le canal nous avait été vendu comme très fréquenté  par les cargos. Nous n’en croisâmes que trois ou quatre pendant les deux jours de cette champêtre mais monotone progression.

IMG_9826BLOG Noordsee Kanal … celui-là, c’est le petit modèle !

Quelques ferries traversent également d’une rive à l’autre ; des canards, des oies sauvages et des cygnes aussi.
Arrivant le lendemain devant les écluses de sortie, nous comprenons la raison de ce trafic minimum. Une des deux écluses principales, énormes bassins aptes à recevoir des bateaux XXL, est fermée pour sa maintenance, empêchant le trafic Ouest-Est. Les deux écluses « plaisance » étant, elles,  définitivement fermées (et replacées par de nouvelles dans cinq ans) … nous attendons plus d’une heure et demie le passage.
Maintenance certainement terminée le lendemain : du joli port de Laboé où nous étions amarrés, nous avons pu voir passer à nouveau quelques monstres que nous préférons n’avoir pas croisés dans le canal.

La Baltique nous montre son plus joli visage : ciel bleu cian, mer bleue … outremer, petits nuages pommelés : on dirait la Grèce :-)). Je plaisante à peine. Les jours suivants nous révéleront une mer qui sait aussi se montrer noire et furieuse. Ici les paysages se font plus riants, de grandes rias creusent la côte entre Kiel et la frontière danoise. Ainsi avons-nous relâché dans le très joli port de Kappeln, dans ce que les allemands appellent la Schlee. Une rivière aux rives verdoyantes et sauvages comme on en rêve. Pour les initiés, pensez « rivière d’Auray » ou « Golfe du Morbihan » et vous aurez une idée du décors. Un pont ouvrant permet aux bateaux de rentrer profondément dans la ria jusqu’à Schleswig, cité qui donne son nom au land (Schleswig-Holstein). C’est ce pont que franchit le trois mâts sur la photo de Une.

Question accessibilité des ports, c’est une autre histoire ! Nos amis allemands de cette région, imités par l’ensemble des ports du Danemark, ont la bonne idée d’amarrer leurs bateaux entre deux piquets. Deux points d’ancrage à ajouter aux deux anneaux du quai : cela fait un amarrage sûr et un voilier bloqué aux quatre coins. Bravo !
Sauf que.
A Kappeln nous prenons pour la première fois ce type de poste d’amarrage. Concentration, petit vent de travers, coordination parfaite de l’équipage … belle arrivée ! Le lendemain, le maître de port nous demande de nous repositionner dans une autre place, celle-ci devant être libérée. Vent de travers, 18 à 22 nœuds en rafales, courant traversier dans le sens du vent : la bonne solution était de dire non. Nous avons tenté une sortie et nous sommes sortis. Mais ma fierté et mon ego ne vous décriront pas comment. Distribil est le mot correct, ou encore foirage complet ou encore …. mais le bateau et ses voisins s’en sont tirés sans même une égratignure : l’essentiel ! Ceci grâce à l’aide décisive de Jonathan, un jeune plaisancier-papa d’une adorable gamine d’un an. Une bière à bord nous a permis de sympathiser avec toute la famille et surtout de lui dire … merci ! Ils habitent Kiel, ont leur bateau à Kappeln et nous nous reverrons …(voir pourquoi en fin d’actualité).
Nous sommes maintenant au Danemark, à Sonderborg plus exactement. On vous en parlera une prochaine fois.
De l’Allemagne, nous avons retenu la gentillesse et la bonne humeur de ses habitants. Ils nous ressemblent plus que nous le croyions sans doute. Un exemple ? Ils ont adopté notre «canino-manie» : il y a un nombre kolossal de chiens qui promènent une famille  au bout d’une laisse. Pour le reste, la propreté des rues, le civisme des comportements, la chaleur des rencontres et les relations de confiance mutuelle nous ont rendu la vie facile et agréable. Une des raisons qui font que Pixel passera son automne, son hiver et son printemps à Kappeln ! Mais de cela, nous reparlerons en août.
Tschüss !

Spéciale dédicace à nos amis haut-savoyards. NON, nous ne sommes pas sur le lac Léman mais bien dans le canal de Kiel (Noordsee Kanal).

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3 réflexions au sujet de « ENTRE-DEUX MERS, NORD ET BALTIQUE »

  1. DEVILLE

    Bravo pour ces photos qui nous font partager ces paysages bien différents des années précédentes…
    Après 5 jours de travail acharné ds l’appart d’Alice à Paris, je suis rentrée et Philippe continue un peu avant d’attaquer une « petite ardéchoise »…
    Bises à vous deux!
    Françoise

    Répondre
    1. Letourneux Marie France

      Pas moyen de lire vos messages en revenant de New-York, une petite semaine avec Florence pour voir Aude sa fille en etude là bas . Entre parenthèses très bon séjour. Ne pouvant plus lire quoi que ce soit sur ma messagerie, j’ai fait appel à un voisin sympa et tout est arrangé.
      Tres belles photos que vous nous envoyez ce sont des endroits qui font supers nickel ,les allemands sont réputés pour êtres très propres. Nous verrons cela bientôt le 20-06 nous partons jusqu’au 27-06 à Berlin, beaucoup de personnes disent que c’est une très belle ville . On vous le dira.
      Bon vent pour la suite. Bises des cousins Stanetmariefrance

      Répondre
  2. Letourneux Marie France

    Pas moyen de lire vos messages en revenant de New-York, une petite semaine avec Florence pour voir Aude sa fille en etude là bas . Entre parenthèses très bon séjour. Ne pouvant plus lire quoi que ce soit sur ma messagerie, j’ai fait appel à un voisin sympa et tout est arrangé.
    Tres belles photos que vous nous envoyez ce sont des endroits qui font supers nickel ,les allemands sont réputés pour êtres très propres. Nous verrons cela bientôt le 20-06 nous partons jusqu’au 27-06 à Berlin, beaucoup de personnes disent que c’est une très belle ville . On vous le dira.
    Bon vent pour la suite. Bises des cousins

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