Autre titre proposé :
SI UNE SEULE FOIS DANS TA VIE
ICI EN SCANDINAVIE
T’AS PAS NAVIGUE L’ AMI
ET BIEN … T’AS LOUPE TA VIE (de marin)
Bon, c’est un peu long, excusez-moi, j’ai des circonstances « exténuantes » …
Pour le syndrome de Stendhal, appelé aussi syndrome de Florence, il s’agit du trouble émotionnel et psychique censé vous prendre à la gorge devant les inouïes beautés que vous avez eues l’occasion d’admirer. Exemple : le dénommé Stendhal devant les œuvres des Botticelli et confrères à la galerie des Offices ou au pied du David de Michel-Ange. Une visite qui dure quelques heures, au mieux quelques jours dans la cité italienne … alors imaginez que nous avons vu des tas « d’inouïes beautés » quasiment en permanence depuis notre périple routier vers Bergen et le retour en voilier d’Oslo à Kappeln (Allemagne) et vous comprendrez dans quel état nous sommes, c’est-à-dire passablement « à l’Ouest » ! (pardon, au Nord…).
Plutôt qu’une liste plus ou moins exhaustive des endroits visités, avec toujours le même refrain : c’était trop beau, j’ai préféré vous proposer un abécédaire à usage de ceux qui auraient envie de découvrir le coin en bateau par eux-mêmes tout en vous faisant partager quelques unes de nos découvertes de voyageurs naïfs.
Quand aux photos … elles accompagneront quelques unes des « entrées » de ce mini-dico.
Bonne lecture !
ABÉCÉDAIRE BALTE ET SCANDINAVE
Amarrage
Nous avons trouvé à peu près tous les types d’amarrage connus dans les ports : quais plus ou moins hauts, parfois trop, parfois pas assez …, piquets, cat-ways, pendilles, « fingers » -l’horreur absolue !- ou bouées à prendre avant de s’amarrer au quai. Les piquets sont majoritaires au Danemark et en Allemagne (voir actu 2), les fingers en Suède, les bouées et pendilles rares mais on en trouve un peu dans chaque pays. Pour ceux qui auraient l’idée saugrenue de venir par ici (je rigole), le type de balcon avant est un élément à étudier de très près ! Tous les amarrages, quai excepté, se pratiquent étrave à quai. Souvent impératif car les fonds remontent vite ou, dans le cas des fingers, ne sont pas prévus pour nos larges arrières. Parlons-en de ceux-là ! Pas des gâteaux enrobés de chocolat mais des poutres métalliques (type cat-way) de section carrée 8 cm, munie de minuscules anneaux (inatteignables du pont) et dotées à leur extrémité de vagues petits flotteurs. Pas question de se poser dessus à moins d’avoir comme équipière une artiste de cirque (on a déjà eu un oiseau de ce genre … tiens, Alice, tu viens naviguer en Suède l’an prochain ??). Il faut sauter devant et essayer de choper les anneaux avec son aussière. D’où balcon « ad hoc » que nous projetons d’acquérir l’hiver prochain ! Il faut être honnête et dire que cela se passe en général plutôt bien car les autres plaisanciers locaux vous prêtent toujours la main … quand ils sont là. La manœuvre ne semble d’ailleurs pas beaucoup plus aisée pour les locaux.
Balises (et Bouées)
Il y a de quoi baliser en Scandinavie ! Mais comment faisaient-ils avant la cartographie électronique, le GPS et autre Galiléo ? Leurs balises (pour les béotiens, les marques flottantes au milieu de l’eau qui indiquent si l’on doit passer au nord, au sud, à l’est ou à l’ouest) sont constituées de piquets très fins et peu élevés. Nous sommes formels : elles ne sont pas visibles à moins d’un demi-mille dans les meilleures conditions, plus souvent 0,3 … soit 600 mètres environ. Je me souviens de nos virées en Bretagne nord quand nous devions parer les dangers de récifs tordus et de courants teigneux (tiens ! Les Minquiers par exemple!). Nous naviguions sans GPS ni autre moyen de positionnement. Estime, compas et relèvements nous suffisaient avec l’appoint de la goniométrie pour les traversées. Comme nous étions contents d’apercevoir la Ouest Minquiers à peu près là où nous l’attendions ! Visibles à au moins deux milles, la balise en question … et heureusement car les erreurs de navigation se paient cash, là-bas. Hautes, fraîchement repeintes et … placées au bon endroit ! Ici, dans le nord, elles sont non seulement minuscules mais placées bizarrement. Telle est devant un cailloux mais telle autre balise des fonds de plus de cinq mètres même si on la trouve à l’écart des routes marchandes. Quant aux bouées … voir ci-dessous.
Bref, mystère … et vive la carto électronique !
Oui, vous ne rêvez pas : c’est bien une balayette de ch…. Les vertes ont les mêmes taillées en cône. (Danemark)
Bateaux
Si la Hollande est le champion toutes catégories de la restauration et de l’entretien de bateaux centenaires et merveilleux, notons que les Allemands font quasiment jeu égal : des voiliers en bois de toutes catégories et de toutes tailles sillonnent la Baltique. Ils ont en commun la qualité de leurs vernis et souvent, des lignes magnifiques (bateaux de travail comme « yachts » rutilants!). Ils appartiennent à des associations ou à des particuliers. Nous avons rencontré un de ces propriétaires amoureux, possédant un petit cotre de huit mètres semblable à un bijou. Onze mois de travail tous les ans pour le maintenir dans cet état exceptionnel et un mois pour naviguer. « Je n’ai que ça à faire et ça me passionne », nous a-t-il dit. Dans les autres pays, nous n’avons pas retrouvé cette passion pour ces pièces de musée. Quelques vieux gréements naviguent mais cela reste confidentiel.
Les unités récentes dépassent rarement une longueur de 12 mètres, les « 36/38 pieds » sont majoritaires. Modestes et économes, les nordiques, quand ils naviguent ? Oh que non ! A côté de voiliers de grandes séries économiques, surtout allemandes (même si rachetées par nos mastodontes nationaux … Delher ou Bavaria …), nous trouvons une majorité de bateaux très chers à la vente. Halberg-Rassy, X, Najad, Malö ou des séries « artisanales » allemandes. Les bateaux sont de taille moyenne mais coûtent le prix d’un 50 pieds de chez qui vous savez. A part ça, c’est plus souvent à la voile qu’au moteur, y compris au louvoyage ou par tout petit temps. Vive la navigation à voile !
Berniques
Petit coquillage, appelé aussi chapeau de clown qui s ’accroche à son rocher et se bloque quand on cherche à l’en déloger.
Autre définition donnée par l’équipage de Pixel : tout bateau suédois au mouillage, voilier ou vedette motorisée. La méthode traditionnelle consiste en effet à s’approcher à moins d’un demi-mètre du cailloux, par l’avant bien sûr (dans l’autre sens, le safran aurait déjà tapé la roche…), après avoir mouillé son ancre arrière équipée non d’une chaîne mais bien souvent d’une simple sangle sur enrouleur puis sauté à terre sur un des innombrables rochers de granite qui composent leurs innombrables « archipelagos », à condition bien sûr d’avoir auparavant vérifié que le rocher en question comportait bien deux pitons ou anneaux planté dans le granite. Pas question de trouver une autre « croche », le rocher est aussi lisse et plat qu’une peau de bébé ! Comment ça tient ? Réponse au mot « mouillage » !
Une sangle sur l’ancre arrière, deux pitons sur le rocher : tiens, une bernique !
Bois
Norvège, Suède ou Danemark, le bois est omniprésent dans les ouvrages et la construction. Nous avons apprécié les longs et beaux quais en bois des différents ports dans lesquels nous nous sommes arrêtés. Outre un aspect flatteur, ces planches non vernies ni cirées accrochent bien aux pieds, limitant ainsi les risques de glissade. Au Danemark, des tables de pique-nique en bois (comme on en trouve chez nous sur les aires d’autoroutes) sont installées à même les quais. Le soir, elles sont prises d’assaut par les équipages qui préfèrent venir y manger plutôt que de rester à bord dans leur cockpit.
On dit qu’il gèle « à pierre fendre », on ne dit jamais qu’il gèle à bois fendre … façon de dire que ce matériau est beaucoup plus adapté aux climats extrêmes que la pierre ou le ciment. On le retrouve donc partout dans la construction des maisons. Je ne m’étendrai pas sur le procédé de construction : c’est de « l’ossature bois » ou à peu près. Les murs ne sont pas montés avec des pièces massives style chalet suisse, savoyard ou canadien. Le bois est également toujours peint. Rouge très dominant en Norvège, blanc et jaune en Suède, rouge mais aussi de couleurs variées au Danemark.
On ne connaît qu’un seul concurrent à ce matériau : la brique mais plus au sud, essentiellement au Danemark. Nous ne parlons pas ici des immeubles dans les grandes villes … et cette rubrique n’est pas un traité d’architecture (incompétence quasi totale de l’auteur …)
Nos quais en bois … voir aussi « lumières »
Courants
C’est entendu, la Baltique ne connaît pas les marées : l’eau monte puis descend de quelques centimètres. Il faut donc être assez observateur pour distinguer la marée basse de la marée haute. Le paradoxe est que les courants, eux, ne sont pas négligeables. Un vent de nord – même modéré – vous donnera un nœud de courant portant au sud voire un nœud et demi. Et vice versa. Les descentes au portant s’en trouvent donc accélérées pendant que le louvoyage devient un tant soit peu laborieux. A noter qu’à ce courant s’ajoute un flux plus général, grossi ou pas des courants amenés par les nombreux cours d’eau qui se jettent dans la mer et/ou des goulets formés par la topographie des lieux. C’est ainsi qu’à la hauteur du pont de Mittelfart, Danemark, nous avons eu la surprise d’être poussés méchamment par plus de quatre nœuds dans le dos avec un vent de force 3/4 en plein dans le nez. Je vous laisse imaginer l’état du plan d’eau à cet endroit… pire que le clapot méditerranéen !
Églises
Pas grand-chose à voir de ce côté là, nous ne sommes pas dans des pays qui ont érigé de grandes basiliques et autres cathédrales. Elles sont donc modestes, fermées au public le plus souvent et peu remarquables. Une exception : la remarquable cathédrale d’Odense, de pur style gothique, toute en briques, rouges dehors et peintes en blanc dedans : effet garanti !
La Norvège est connue pour ses églises en « bois debout », amplement photographiées et montrées dans les guides touristiques. Nous avons visité celle de Borgund, dans le Télémark qui est une des plus célèbres et la plus ancienne. Il reste une trentaine de ces édifices dans tout le pays, certains ayant été déplacés, d’autres étant à leur emplacement initial. A celle de Borgund est accolé un petit musée charmant et très intéressant. L’église trône au milieu d’un cimetière verdoyant et très simple (les tombes sont des stèles en pierre, sobres et éparpillées sur la pelouse, sans dalles devant).
Comment dire ? Devant les photos de ce monument, nous pensions à quelque chose de massif, assez imposant, très haut. La vérité est que l’église ressemble plus à une petite chapelle de village. L’appellation bois debout ne vient pas du fait qu’elle serait construite uniquement avec des troncs pointés vers le haut : ce sont les piliers « colonnes » qui lui donne ce qualificatif. Les autres planches sont empilées à l’horizontale. Le tout est entièrement badigeonné à l’extérieur, d’un coaltar fait de charbon de bois et de résine qui sent bon le chantier naval du moyen-âge. On entre dans ce sanctuaire en ayant l’impression d’entrer dans la cale d’une nef ! (admirez la polysémie !)
Borgund : l’église en « bois debout » et son petit cimetière
Embrassades
En Suède, en Norvège et même a Danemark, quand des camarades, des parents ou amis se rencontrent, ils ne se font pas « péter la bise » pour se dire bonjour. Habitude charmante et très romantique : ils s’enlacent tendrement quelques secondes en se souriant. Nous avons trouvé cette pratique amusante, en rupture de la représentation erronée que nous pouvons avoir de Scandinaves froids et distants !
Équipiers
C’est la première année où nous n’aurons accueilli aucun équipier à bord. Si l’on a grand plaisir à naviguer tous les deux, nous apprécions aussi beaucoup d’embarquer telles ou tels pour partager nos aventures ! Cette année, les pays et paysages traversés ainsi que le type de navigation, variée avec des vents de toutes forces mais quasiment jamais violents, s’y prêtaient parfaitement … dommage !
Étiquettes (écolos?)
Nous avons déjà évoqué le « tout numérique-automatique-inhumain » dans une actu précédente. Revenons deux secondes sur les « étiquettes ». Quand vous payez vos droits de port via l’automate de paiement, vous recevez un reçu avec le code du WIFI, celui des sanitaires ET une magnifique étiquette colorée, d’une vingtaine de centimètres à coller sur le balcon du bateau, bien en évidence. Une étiquette par jour, dans des endroits où se posent quotidiennement des dizaines de bateaux. C’est décoratif : certains plaisantins n’enlèvent pas les « vieilles » étiquettes, transformant ainsi leurs fiers croiseurs en sapins de noël. Hé, hé … des centaines voire milliers de bout de papiers (très) plastifiés : est-ce bien écolo, ça ? Nous parlons de pays scandinaves qui revendiquent cette démarche, bien sûr …
Faune
Commençons par la faune marine et une petite déception. Peu de dauphins, pas de tortues, peu d’oiseaux de mer : la Baltique nous semble assez vide. Pas de poissons non plus dans les eaux assez souvent claires des ports. Quelques rares coquillages sur les plages : nous sommes loin de nos côtes atlantiques voire méditerranéennes ! Les seules bestioles à croiser en grand nombre dans ces parages sont des colonies de méduses, toutes de la même espèce et réparties uniformément sur les côtes et le large de tous les pays que nous avons traversés. Les scientifiques parlent de la « gélification » des océans en constatant la multiplication des méduses. Dormez, braves gens et restez médusés … tout va bien sur cette planète en pleine forme.
Les oiseaux sont cependant assez présents dans les parties abritées des baies : les oies sauvages vivent ici en groupes d’une dizaine d’individus et les canards en famille. De nombreux cygnes également trempent leurs pattes dans cette eau peu salée (voir entrée « Mer »). Quelques mouettes et goélands planent au-dessus de ce beau monde. Nous avons également observé des sternes arctiques, très semblables aux sternes pierregarin de nos côtes et tout aussi habiles au plongeon en chute libre !
Côté terrestre, les panneaux « attention, traversée de rênes » nous ont bien fait rigoler ainsi que les trois bisons aperçus broutant dans un champ qui bordait un de nos idylliques mouillages.
Chèvre de Bergen … ou alien ?
Fjord
Eau d’un bleu outremer, nature luxuriante, forêts qui plongent littéralement dans l’eau, étroites routes qui serpentent le long avant de s’engouffrer dans d’interminables tunnels, adorables petites maisons de bois, rouges et jaunes surtout, quelques villages et bourgades disséminées au creux des anses : tels nous sont apparus les fjords norvégiens dont le fameux Sonderfjord. Merveilles naturelles que nous avons visitées par la route dans une confortable berline. L’option route plutôt que voile s’est avérée la bonne : des distances colossales sur un plan d’eau lisse et sans vent ainsi qu’une absence d’abris ou d’endroits pour mouiller notre ancre ne nous ont pas fait regretter d’être en voiture. Nous avons pu visiter Bergen, très belle ville avec un port peu propice à l’accueil des petits voiliers et parcourir l’intérieur du Télémark et du Vestland en passant par des cols et des hauts plateaux d’une beauté à couper le souffle. A 1250 mètres, les névés étaient encore bien présents : il faisait ce jour-là 7 degrés centigrades.
A une centaine de kilomètres des côtes … c’est toujours la mer ! Hardangerfjord (Norvège)
Froid
Il n’est pas inutile de noter que la température de ces mois de juin et juillet n’a que rarement excédé les 22 degrés sauf au mitan d’une journée torride pendant laquelle le mercure nous a fait la grimpette à 26 ou 27 ! Le matin, c’est rarement au-dessus de quinze, le soir itou. Nous nous sommes progressivement habitués à garder polaires et foulards, pantalons et polos manches longues. La première quinzaine de juillet a été plus chaude et les tee-shirts sont enfin sortis des équipets. Notre seul et vrai problème est que nous passons certainement pour des gens très bizarres auprès des indigènes. Pensez donc : ils sont en été, ma bonne dame. Donc en été, ils vivent en tee-shirts ou torse nu la plupart du temps. Qu’il fasse 10, 15 ou 20 dégrés n’est pas le sujet. C’est l’été, faut-il vous le répéter ? Et de croiser la totalité des habitants de ces pays en tenue très légère : enfants, adolescents, parents et grand parents, plongeant dans une eau à 15 degrés y compris après vingt deux heures ou sirotant une bière à une terrasse battue par une bise aigrelette. You test the swedish cold m’a dit en rigolant une norvégienne en bikini sur son bateau alors que je portais la polaire réglementaire. Rien de sarcastique la-dedans par ailleurs, juste une envie de chambrer ! Il est vrai qu’entre les rigueurs de trois saisons et la « douceur » relative de l’été, ils ont acquis une certaine résistance au froid. Quand nous leur avons parlé de nos voyages en Grèce et en Italie, ils nous ont dit : ah , bien ! Puis … il doit faire chaud, là-bas ! Hé, Hé …
Dernière minute : en cette fin juillet-début août, la chaleur est montée d’un cran et le thermomètre dépasse parfois les 25 degrés. La canicule, quoi !
Repos au col. Altitude 1230 mètres, température : 7 degrés centigrade (sous abri mais vent du nord)
Glaces
Bien que nous ayons aperçu de nombreux névés en Norvège, nous ne vous parlerons pas des glaces du grand nord. C’est attirant … mais ce n’est plus dans nos actuelles capacités d’aller taquiner la banquise entre deux tempêtes, nous laisserons donc cela à d’autres. Non, les glaces dont nous parlons sont celles que nous dégustons aux étapes. Les températures peu élevées ne semblent pas interférer dans la consommation élevées des autochtones. Chères en Scandinavie, bon marché en Allemagne, elles ont comme point commun de n’être pas … italiennes. Les amateurs de gelati comprendront ce que je veux dire …
Kayak
Nous avons croisé de nombreux kayakistes menant de superbes kayaks de mer. En Norvège, en Suède mais aussi en Allemagne et au Danemark, ils profitent d’une côte découpée et assez abritée. La Bohusland Coast est à cet effet, un terrain de jeu fantastique pour la pratique. Nous ne sommes plus assez vaillants pour nous y mettre maintenant mais sans aucun doute, cela fait très envie. Si des lecteurs de ce blog pratiquent le kayak de mer, ALLEZ là-bas : c’est le top !
Langues
Oui, ils parlent tous un anglais excellent ( et à tous les âges en Suède, Norvège et Danemark) ce qui facilite le contact, notamment au moment de faire les courses ou de demander son chemin. Mais attention, surprise : presque rien n’est sous-titré en anglais. Ce qui fait toucher du doigt la difficulté que peut rencontrer le voyageur qui ne parle pas la langue du pays (ici, nos oreilles de Français sifflent fort tant chez nous c’est – sur ce point – la catastrophe!). Il faut donc parfois demander (in english, of course !) une traduction à l’autochtone. Pas d’anglais dans les gares, pas d’anglais sur les cartes des restaurants, pas d’anglais dans certains musées : avouons que cela nous a quelque peu déstabilisé. Aucun prosélytisme dans mes propos : je me fiche de la langue de Shakespeare comme de l’an quarante. Il se trouve que l’anglais est devenu un moyen de communication totalement mondial et que c’est aujourd’hui le seul et unique esperanto à permettre la communication avec le reste de la planète.
Lumières
Plus nous montons vers le nord, plus les couleurs changent : non pas celles intrinsèques des éléments naturels ou artificiels mais bien la lumière qui les éclaire. Nos photos témoignent de ce changement (aucune retouche de couleur …) : il est facile de distinguer un paysage pris au Danemark ou en Allemagne d’avec celui photographié dans les fjords ou à Bergen. La clarté de l’air et un soleil à la fois très présent mais assez rasant explique sans doute le phénomène. La pénombre de la nuit, autour du 60éme parallèle prend des allures magiques quand le ciel en direction du nord persiste à rester bleu clair à une heure avancée de la nuit. Et nous ne sommes pas encore montés plus haut ! (prévu l’an prochain en Finlande).
Mer Baltique
Mer quasi fermée mais alimentée par de nombreux fleuves dans un climat peu propice à l’évaporation donc mer très peu salée. En moyenne* 3 à 8 grammes par litre quand l’atlantique en compte 33,5 à 37,4 et la grande bleue … 38,4 à 42,1 ! Ce qui surprend quand on ne retrouve pas de sel sur un pont qui s’est fait rincer en mer par quelques vagues ou quand la baignade vous donne l’impression de nager dans de l’eau douce. Ce qui explique aussi la facilité avec laquelle l’eau gèle en hiver., bloquant les baies et les anses peu profondes. Là où nous sommes passés, le fetch n’atteint pas de très longues distances et les conditions de mer restent souvent « lacustres », y compris par force 4.
*sources : setec – lerm
Malbouffe
Les scandinaves de tous les âges sont des gens dont la silhouette est généralement élancée et sportive. Nous retrouvons nombre d’entre eux faisant du footing, sautant à pieds joints dans l’eau froide par temps de pluie ou parcourant des kilomètres à pied ou en vélo. Les magasins de « sportwear » sont très fréquentés et bien fournis en matériel de randonnée. Bref, nous sommes face à des gens en bonne santé physique. Quelques exceptions, évidemment mais celles-ci sont rares : la surcharge pondérale n’est pas ce que l’on remarque le plus en traînant, comme nous l’avons fait des dizaines de fois, dans les rues des villes et des villages !
Le contraste avec l’Allemagne est énorme. Avions-nous chaussé des lunettes grossissantes en séjournant en Allemagne ou y a-t-il un vrai problème ? Il y a un vrai problème.
Nous n’avons jamais rencontré de difficultés pour acheter de quoi faire une cuisine « standard » en Norvège, au Danemark ou en Suède. Les légumes et fruits frais y sont d’excellente qualité bien que chers. Peu de plats industriels préparés, pas de portions gargantuesques dans les restaurants : la nourriture participe à la santé publique, dirons-nous. En Allemagne du nord, hélas, c’est une autre chanson. Les fruits et les légumes, à l’exception de quelques fraises et asperges en juin, ne sont pas toujours de la première fraîcheur. Ils viennent tous sans exception ou presque d’Espagne et n’ont ni saveur, ni consistance. Cela tombe bien au vu du peu de consommateurs qui en achètent. Les rayons de produits industriels congelés sont interminables (à Kappeln, deux meubles de huit mètres environ se font face, proposant une infinité de pizzas surgelées …) et les vendeurs de glaces font de très bonnes affaires (voir entrée glaces pour ce que l’on en pense …). Le résultat se voit dans les rues : à part les plus jeunes, une majorité d’adultes, disons à partir de la trentaine, relève d’une surcharge pondérale moyenne ou carrément de l’obésité. Phénomène localisé à l’endroit où nous sommes (Land de Schleswig-Holstein) ou réel problème de santé publique ? Nous n’avons pas la réponse. Les parts servies dans les restaurants sont souvent gargantuesques comme nous avons pu le constater à l’occasion. Ajoutons pour finir que le niveau de vie réputé influer sur les mauvaises pratiques d’alimentation ne semble pas forcément pertinent ici : nous sommes dans une station balnéaire pas vraiment bon marché.
Mouillages
De rêve là où nous sommes allés et le mot n’est vraiment pas trop fort.
Si le petit prince me demandait de lui dessiner non pas un mouton mais un mouillage, je lui croquerais une baie fermée de tous les côtés pour empêcher la houle de balancer le bateau. J’ajouterais également un fond entre trois et cinq mètres, sans marée pour ne pas compliquer l’estimation de la longueur de chaîne et je mettrais même une bonne vase fine mais collante ou de l’argile. Ainsi paré, mon mouillage accueillerait en toute sécurité les bateaux, y compris par mauvais temps. Et j’ajouterais une jolie note finale en dessinant des rochers doux, ocres et roses, quelques arbustes et , pour les baies les plus grandes, de jolis villages aux maisons de bois coloré. Le tout en ayant repeint la mer d’un bleu « grande bleue ». Le petit prince avait l’air triste d’être le seul à avoir un aussi joli mouillage, alors j’ai dessiné d’autres baies protégées pour ses copains. Des dizaines et des dizaines de baies …
La côte ouest de la Suède compte ainsi de très nombreux abris sûrs et magnifiques ainsi que des petits ports sympathiques, très (trop?) fréquentés en juillet. La carte et les guides nautiques nous apprennent qu’il en va de même sur la côte sud-est puis est, y compris Stockholm, elle-même protégée par un archipel dense d’îles et îlots. A découvrir, si possible, l’an prochain !
Vu les conditions de mouillage, on comprendra aisément que la méthode « bernique » est parfaitement adaptée au terrain, sûre et donne une curieuse répartition des bateaux dans les baies : une dizaine de berniques pour trois ou quatre bateaux ancrés traditionnellement (dont Pixel fait bien sûr partie).
Moustiques et tiques
On nous avait prévenu. Cet été, là-haut, nous serions attaqués par des nuages de bestioles assoiffées de sang. Petits, malins et quasi invisibles, ils se lanceraient avec appétit sur notre peau mal protégée. On nous avait dit … mais on a rien vu venir. Depuis le départ, force est de constater que nous n’avons jamais entendu ni vu ne serait-ce que l’ombre d’un moustique. Incroyable mais vrai. Deux hypothèses, l’une optimiste, l’autre moins. De deux choses, l’une : soit nous sommes tombés sur une année spéciale et/ou nous sommes allés dans les seuls coins vierges de moustiques de la Scandinavie, soit … les moustiques sont devenus une espèce en voie de disparition. C’est troublant mais nous n’avons pas d’explication à ce phénomène. Si mes lecteurs ont des réponses : n’hésitez pas !
Les tiques se sont par contre manifestées dans l’île d’Anholt. Trois ou quatre d’entre elles nous ont sauvagement mordu. Nous avions opportunément fait l’acquisition d’une pince adaptée qui nous a été très utile sur ce coup-là. Plus d’attaque depuis.
Mûres
Nous nous sommes promenés sur les bords de la Schlei comme sur les sentiers de l’île d’Aero en longeant des haies hautes et très fournies en mûres. A tel point qu’il s’agissait parfois d’un vrai mur de mûres mûres devant lesquels nous passions en chuchotant (oui, je sais, … excusez-moi).
Martine s’est jetée sur ces belles baies et en a fait de la délicieuse confiture qui nous régalera l’an prochain à bord.Avis aux amateurs !
Rencontres
Du premier port des Pays-Bas à notre dernier port en Allemagne, nous avons parcouru environ 1700 milles nautiques, soit 3 150 kilomètres en 56 étapes. Nous n’avons rencontré AUCUN bateau français, ni Anglais d’ailleurs, sans parler des pays « du sud et de l’est ». Un Irlandais, un Suisse et un Belge complètent ce tableau qui permet de constater que les Scandinaves naviguent … avec les Scandinaves et quelques Germains. Quelques contacts sympathiques ont été possible, principalement avec des Allemands (demandeurs), plus rarement avec deux ou trois Danois et Norvégiens. Un couple suédois s’est enquit de savoir ce que venait faire ce petit bateau français, si loin de ses bases et c’est à peu près tout. Pas si mal si l’on considère la barrière de la langue. Il faut passer le moment de frustration (oui, ils sont tous, exceptés les Allemands, bien meilleurs en Anglais que je ne le serai jamais!) pour engager un dialogue in english qui s’avère toujours très sympa. Plus rares sont les contacts avec les hollandais et/ou avec les suédois … ils restent entre eux.
Statues
Nous l’avons déjà dit pour Oslo. Il s’avère que la constatation vaut également pour toutes les villes et villages de la Scandinavie : il y a plus de statues que d’habitants ! En bronze, en pierre, en bois, en machin-chose, elles sont omniprésentes dès qu’une communauté humaine décide de vivre ensemble. Héritage du passé ? Que nenni ! A côté des « vieilles » sculptures, il y a les « modernes » puis les très contemporaines, le tout dans un mélange cocasse. A Odense par exemple, on peut trouver sur une placette, la statue d’un fier guerrier, le glaive à la main tandis que, sur le square d’à côté, trône la statue très moderne d’un soldat de la fin du 19 siècle, au garde-à-vous sur une seule jambe, l’autre ayant été arrachée à la guerre (œuvre contemporaine dont le symbolisme anti-militariste n’échappera à personne). On trouve cependant quelques œuvres intéressantes, en cherchant bien dans cet immense bric à brac.
Nos villes et villages, chez nous, ne comportent, en comparaison, que très peu de statues… si l’on ne tient pas compte de toutes celles érigées dans les années 1920 et suivantes : une armée de pierre et de ciment, baïonnette au fusil, piétinant la longue et macabre liste de ceux qui, par million, sont partis de leurs villages et n’y sont jamais revenus. On a la statuaire que l’on peut. Je me permettrai d’ajouter à titre personnel que je reste souvent dubitatif, chez nous comme chez les autres devant cette manifestation de notre « génie artistique ».
Strandkorb
Notre dernière escale dans le port de Kappeln nous situe à moins de cinq mètres d’un « Strandkorb », ces fameuses petites cabines de plage dont nous avons déjà parlé lors de notre arrivée en Allemagne. Outre les plages, ces abris en osier sont aussi posés le long des quais, devant les boutiques ou les bars. La nôtre a cette particularité d’être devant un glacier très fréquenté, face à Pixel. La photo ci-dessous, prise de l’intérieur du bateau est la première d’une série que j’entreprends. Il serait dommage de perdre le défilé cocasse des estivants s’installant dedans !
Vents
Difficile d’extrapoler nos observations pour en faire une généralité. Les zones dans lesquelles nous naviguons sont assez abritées et nous avons bénéficié d’un été clément sinon chaud. Un effet thermique se manifeste ici comme ailleurs mais avec moins de prépondérance sur le vent « synoptique » en toile de fond. Nous n’avons quasiment jamais eu de vrai calme plat ni de coups de vent en juin et juillet. Des conditions idéales pour faire de la voile donc. Attention cependant aux arrivées dans les ports : ils sont peu protégés, les mouillages ne sont pas orientés par rapport au vent dominant et en juillet, les places y sont très disputées. Les ports à cette période sont souvent complets et les bateaux s’amarrent par trois ou quatre à couple. Le tout dans la bonne humeur et le respect de chacun … ce qui amène à l’entrée suivante : vivre ensemble.
Vivre ensemble
Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Danemark, Norvège puis Suède sont les six pays que nous avons parcourus cette année. Au-delà des inévitables différences de mentalités, de culture et de manières de vivre qui appartiennent à chacun d’entre eux, il est un point qui – nous semble-t-il – les réunit presque parfaitement : leur façon de vivre en société. Avec certes quelques nuances dans lesquelles nous n’entrerons pas, ces peuples ont en commun un profond civisme caractérisé par une attention à autrui d’un niveau inconnu chez nous.
Plutôt que de leur « civisme », bien grand mot que l’on répète en France comme un mantra alors que nous en sommes à peu près dépourvus, il serait sans doute plus pertinent de parler de la manière qu’ont ces peuples de « vivre ensemble » comme on dit maintenant. Et ce vivre ensemble, c’est tout simplement se faciliter sa propre vie en même temps que celles des autres. Ne pas piquer les affaires du voisin ou la balayette des ch…, laisser plus propre qu’il n’était en arrivant l’endroit où vous êtes passé, ne pas s’invectiver en hurlant (conducteurs, enfants/parents, mais aussi enfants entre eux), conduire doucement et prudemment, ne pas troubler le voisinage tard le soir : nous avons été sidérés d’observer ces conduites partout où nous sommes passés. Encore plus sidérés de les ressentir comme étant parfaitement naturelles et non contraintes. Marcher dans des rues propres, trouver « ce qu’il faut » dans des toilettes généralement « nickel », ne pas avoir peur de se faire écraser en marchant sur le bord d’une route … ne pas subir l’agression de bâtiments, murs ou matériels saccagés autour de soi : tels sont en effet les plaisirs réservés à ces gens qui ont tout compris du confort moral que ce comportement induisait. Peur du gendarme ? Dans les pays scandinaves et en Allemagne, ce qui frappe, c’est surtout leur quasi absence ! Il en est ainsi du très faible nombre d’agents d’entretien dans les villes. Maintenir soi-même son lieu de vie en évitant de la transformer en poubelle géante : quelle idée « nouvelle » et « révolutionnaire » !
Bon, par ailleurs et encore une fois, pas de jugement de valeur ici : ils ont leurs problèmes eux aussi. Juste dire … qu’est-ce que c’est agréable !
Post-scriptum en queue de poisson : en Suède particulièrement, de nombreux propriétaires de bateaux à moteur sillonnent la mer. Nous ne surprendrons pas nos amis voileux en leur confirmant qu’une majorité d’entre eux sont aussi imprudents, mauvais marins et arrogants qu’ailleurs. Oublié le vivre-ensemble quand on se déplace avec son petit bolide en rasant les voiliers à quelques mètres tout en rigolant devant nos mines ahuries puis irritées … rassurant de savoir qu’ils sont aussi c… que les m’as-tu-vu italiens, français et j’en passe. L’internationale de la c….. a de beaux jours devant elle. Et nous en avons ainsi évité au moins deux « in extremis ».
Voiles
Les pays du nord n’échappent pas à la multiplication des enrouleurs de GV qui équipent même des bateaux conçus au départ pour la performance (vu sur un « X » par exemple!). Invention parfaitement idiote voire dangereuse : du poids dans les hauts et des blocages intempestifs qui peuvent arriver au mauvais moment. Sans parler des performances : nous nous désolons de voir en mer ces quasi torchons dont la chute faseye systématiquement dès que le vent dépasse les 8-10 nœuds apparents. Mais nous nous réjouissons aussi car cela nous permet de flatter notre ego régatier quand on dépasse plus gros et plus long que soi ! Il est vrai que les bateaux du coin sont très beaux, très bien finis et très « échantillonnés » … mais qu’est-ce qu’ils sont lourds !
Bon, reconnaissons que nous croisons également à côté d’unités performantes, menées par des équipages soucieux de bons réglages sur des bateaux armés course avec de magnifiques voiles. Et là … on voit leurs proues puis leurs bordés, puis leurs poupes. Martine devient nerveuse, reprend cinq centimètres d’écoute, relâche, reprend … me demande la vitesse relevée par l’AIS , l’œil rivé sur notre speedo, mais rien n’y fait : nous sommes derrière.
Comme la même Martine s’est également abîmée les doigts en recousant pour la énième fois les laizes archi-cuites de notre grand-voile âgée d’au moins vingt ans qui, avachie, pendouille lamentablement par petit temps (la voile, pas Martine) … nous avons opté pour un changement de la-dite GV. L’an prochain, nous enverrons donc une belle voile Elvtröm, coupe radiale s’il vous plaît ! Quand nous serons bord à bord avec un X … je laisserai ma chère et tendre aux réglages : elle adore ça !
On se quitte sur cette image de la montagne norvégienne. Bel été à tous !! Et à l’an prochain.
Si je comprends bien vous êtes bientôt sur le retour ? Nous sommes tjrs à NO.
Encore félicitations au talent de l’écrivain et à sa collaboratrice…. Récit passionnant, pas toujours clair pour les « ignorants » de la voile ou presque !!! Très compréhensible pour les autres rubriques. Merci d’avoir joint quelques photos magnifiques… Quelle chance d’avoir échappé à la canicule !!!
Bon retour et à bientôt.
Thérèse
Et alors, les vikings n’avaient pas de balises et ils arrivaient quand même à bon port ! Je suis sur que si vous aviez un drakkar ça serait plus simple : ça se dirige tout seul
il manque quelques lettres dans ton abécédaire…
va falloir broder les manquantes pour nous faire rêver, nous avons envie de rêver encore!!!!