RETOUR EN QUEUE DE POISSON OU PRESQUE !

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Notre périple s’achève, Pixel s’est approché doucement de son dernier port méditerranéen, le Cap d’Agde, pour quelques « soins » nécessaires avant un départ vers l’ouest, en camion, une fois n’est pas coutume ! Cette dernière actualité aurait pu revenir sur ces trois années passées sur la grande bleue, principalement en Italie , Sicile, Sardaigne mais aussi en Croatie, en Grèce et dans ses innombrables îles. Mais, n’étant que peu portés sur les bilans que nous laissons aux comptables, vous aurez donc à la place du (sincère) « ah, qu’est-ce que c’était bien ! », un gros coup de gueule, consécutif à notre passage obligé sur notre chère côte française de la méditerranée… Ce n’était pas prévu mais nous pensons que cela fait aussi partie de notre expérience de voyageur que nous partageons avec vous depuis notre départ de Port saint Louis. Âmes sensibles, s’abstenir !

En nous arrêtant à Menton, nous nous étions involontairement ménagés une transition « soft » pour notre retour en France. La petite cité balnéaire accueille en effet un tourisme que l’on peut considérer comme très majoritairement italien. Les habitants eux-mêmes parlent à peu près tous excellemment la langue de Dante : nous nous sentons donc encore un peu là-bas.

Marché de Menton, le matin devant les halles. Aie !!! Chute brutale, nous atterrissons sur la côte d’Azur, la vraie ! La frontière est à moins d’un kilomètre mais le kilogramme de tomate passe de 2 euros italiens à 5 euros français. Les pêches plates – italiennes – dont nous nous sommes régalés tout l’été deviennent des pêches espagnoles (si!) et prennent elles aussi au passage, 3 euros de plus par kilo. Anecdotique et connu, certes. Mais énervant et répété d’ailleurs à chaque fois que nous effectuerons le ravitaillement sur cette chère, très chère côte.

Ports … Laissons Menton et ses citrons ainsi que Cavalaire et ses galères (facile, je sais). Accueil correct et courtois, prix ajustés. Parlons plutôt de ces « charmants » abris que sont Saint Mandrier, Bandol et la Ciotat.

Bandol par exemple que nous contactons par téléphone pour réserver une place dans la marina. Réserver une place n’est pas chez nous, une habitude ancienne : le net et la « surpopulation » ont rendus l’accès aux ports de la côte quasi impossible en juillet et août. Nous prenons donc les devants pour assurer un accueil sympa à nos petits enfants et enfants venus nous saluer après nos cinq mois d’absence. Las, nous arrivons dans le port avec l’indication du poste de mouillage que nous devons occuper. Belle affaire : les numéros sont très intelligemment inscrits sur le plat des pontons, donc parfaitement illisibles vus au ras de l’eau. Enfin arrivés sur place, nous ne prendrons pas la pendille puisque celle-ci n’existe pas. Pas de pendille ? Ah bon, nous répond-t-on quand, enfin, une des employées de la « marina » daigne répondre à Martine, dépêchée en urgence à la capitainerie après maints appels VHF. Amarrage « à la française », entendez par là, sans aucune aide des (nombreux) personnels du port, en grande conversation au fond du bureau d’accueil.

Mieux, beaucoup mieux : La Ciotat. On touche là au sublime ! Masochistes en pleine recherche de l’ orgasme, nous allons jusqu’à répéter la punition deux fois en quelques jours (fin août puis mi-septembre).

Punition un : nous réservons une place que nous allons prendre en milieu d’après-midi. Même difficulté pour trouver le poste d’amarrage à laquelle s’ajoute cette fois, une étroitesse dangereuse entre les pannes, rendant la manœuvre hasardeuse (mais réussie, je vous rassure, non mais !). Fier d’avoir réussi le « coup du chausse-pied », je mets immédiatement à profit cet entraînement pour repartir « ailleurs », puisqu’il apparaît que la place doit être impérativement libérée (retour de son proprio à cause d’un problème mécanique). Info connue de la marina très tôt, jamais relayée vers nous (mais ils savaient que nous sommes des manœuvriers hors pair…). Ils nous « font une fleur » en nous plaçant quand même dans le seul poste restant. Ils le savent depuis le début de la matinée… à qui ont-ils donné les autres places … ? Nous sommes à cinq mètres de l’entrée nord du port de plaisance, nous garantissant clapot et passages incessants de vedettes moteurs rasant Pixel qui, tel la Sardine, bouche non pas Marseille mais la Ciotat. A noter de ma part, une virée délinquante sur le ponton pour rejoindre Pixel. Je sortais de la capitainerie pour retourner chercher le bateau et le mettre à son nouveau poste après avoir demandé si un code était nécessaire car il me semblait avoir aperçu des portes fermées sur ces « pannes ». Noooon, aucun problème monsieur (j’invente le « monsieur », ce n’est pas dans le langage du personnel de ce port). Code il y avait : détour par le pont d’un minuscule canot me permettant de passer la « frontière ». Pour le reste, heureusement, nous sommes en terrain connu, si ce n’est apprécié : sanitaires calamiteux, vandalisés depuis le début de l’été, jamais remis en état … portes cadenassées chez les hommes, grandes ouvertes chez les femmes.

Punition deux : hélas, retour obligé quelques jours après (fucking mistral !). Le vieux port nous accueille mais nous rejette car toutes les places sont réservées pour le lendemain soir. Nous comptions rester plusieurs jours : le mistral va souffler dur et risque de prendre son temps avant d’aller sévir ailleurs. Les réservations concernent, nous dit-on en guise de justification, quatre super-yachts, des engins de plus de quarante mètres que l’on amarre le long des quais, privant ainsi les plaisanciers-ploucs que nous sommes d’une quarantaine de places « visiteurs » : vive le Grand Luxe ! Les jours suivants, nous ne verrons qu’un seul de ces bateaux, aucun autre « monstre » n’est venu ; les places étaient libres…

Retour donc dans notre ancienne « turne » pour quelques jours. Le vent s’est levé, sifflant entre 4 et 5 Beaufort dans le port à ce moment-là. Chic ! Encore une chance : je vais pouvoir épater la galerie en me positionnant comme une fleur devant notre poste… qui est travers au vent. Nous ne trouvons pas le bon numéro, là aussi illisible. Nous parvenons enfin au bon endroit, aidés par un plaisancier belge qui nous donne la main, ou plutôt la pendille, impossible à saisir car elle est en chaîne de 10 et trop lourde (2 kg le mètre). Nous remercions infiniment les (toujours) nombreux membres du personnel qui sont restés dans la capitainerie à nous regarder effectuer nos manœuvres acrobatiques et limites pour nos dos respectifs : au moins nous auront-ils permis de lier connaissance avec nos voisins. Dans le même vent, plusieurs bateaux sont arrivés toute la journée et celle du lendemain. Merci encore à ces distingués « travailleurs » du port pour leur totale et définitive non participation : nous avons à notre tour, aidé les autres plaisanciers à entrer et à s’amarrer. Cela va nous en faire, des copains ! Attention cependant, certains, excédés, risquent bien de se rebeller … nous serons bien évidemment dans ce groupe. Aux dernières nouvelles, un voisin a trouvé un gros rat en train d’escalader ses amarres. Il y a décidément beaucoup de « rats », à la Ciotat…

Arrêtons-là cette description des galères vécues depuis notre retour en France. Ports sales et insalubres, accueil déplorable ou inexistant, arnaques à tous les étages et services payés chers mais jamais mis en œuvre : nous sommes dans le midi de la France, dans les Bouches du Rhône et en 2017. Ces ports sont gérés (?!) par Marseille Provence Métropole … Où passe l’argent que les propriétaires de bateaux donnent à foison tout l’été ? Pourquoi ce vandalisme omniprésent, cette incurie et ce laisser-aller permanent ? Pourquoi nous sentons-nous en pays hostile comme nous ne l’avons jamais ressenti nulle part ailleurs : ni en Grèce (pays pauvre avec ennuis à répétition), ni en Croatie et même au Monténégro (pays également pauvre, sortant d’une guerre civile effroyable, livré aux mafias serbes), et pas davantage en Italie et Sicile (beaux pays gérés, notamment dans le sud, par Cosa Nostra, la Ndranghetta ou autres sympathiques tueurs…) ? Si vous cherchez des réponses, lisez le remarquable livre de Philippe Pujol, La fabrique du monstre, dans la collection POINTS … désespérant mais hélas très documenté et éclairant sur les dysfonctionnements d’un coin qui gâche avec application et constance ses pourtant nombreux atouts depuis des décennies.

Reste la solidarité entre navigants (mais pas tous…) et une belle rencontre avec Serge et Clo, propriétaires d’un magnifique plan Harlé en alu : les bonnes sensations de ce retour avec le plaisir des retrouvailles familiales et bientôt celles d’avec les amis. Une mini-semaine nous a d’ailleurs permis de naviguer avec deux d’entre eux dans des conditions hélas pas bonnes : vent nul puis fort Mistral !

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La relève est prête ! A la barre, un prochain champion olympique …

Mais revenons à Cap d’Agde, après un laborieux parcours contre du vent d’ouest à nord-ouest qui descendit rarement en-dessous de 20/25 nœuds, levant un clapot dur et désordonné. A l’est de Marseille, nous retrouvons du plaisir à entrer dans des ports propres et accueillants : Sausset, les Saintes Maries de la Mer et enfin Cap d’Agde. Accueil extrêmement sympa : on repart de la capitainerie avec une bouteille de rosée en guise de bienvenue … geste anecdotique et commercial mais qui, accompagné du sourire et des blagues de la « crémière », nous met du baume dans nos petits cœurs sensibles (mais si !).

Comme un gros clin d’œil à nos futures navigations bretonnes, le port est équipé de « cap-ways » comme on les voit d’Hendaye à Dunkerque, nous épargnant enfin ces saloperies de pendilles, bonnes à nous casser les dos et autres abatis. Le temps, gris et même brumeux devant Sausset, nous met dans une ambiance proche de ce que nous pourrions rencontrer parfois l’an prochain !

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Il est temps de se quitter, chers et fidèles lecteurs ! Nous vous recontacterons au printemps 2018 pour vous conter nos prochaines aventures boréales si vous souhaitez toujours y participer par l’esprit ou en posant votre sac à bord pour les volontaires.

Merci à vous tous !

PS : la dernière photo du blog – bien que très retouchée – est à mettre au crédit de Pierre, notre indéfectible équipier

Une réflexion au sujet de « RETOUR EN QUEUE DE POISSON OU PRESQUE ! »

  1. Serge

    Bonjour vous deux.
    Oui La Ciotat ne nous a pas laissé un bon souvenir (Je parle du port car la ville vaut le détour.
    La pendille est une chaine lourde, lourde. l’accueil, accueil ?.
    Hors Juillet et Aout, au même prix vous avez un petit paradis aux Embiez.
    C’est vrai on est mieux à Sausset et j’ai eu le même accueil chaleureux au Cap d’Agde.
    C’était un plaisir de partager ces moments avec vous, et vous nous avez permis de rêver à d’autres horizons.
    Amicalement
    Serge et Clo

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